Bonjour,
Je lirai avec intérêt la réponse de Paul Rigouste quand il aura le temps, et je propose la mienne en attendant. Déjà, comme dit Skratsch, la contradiction se trouve dans l’idéologie patriarcale et non dans les analyses du site, à mon avis.
Dans une large mesure, l’idéologie patriarcale puisse sa source dans la justification d’un rapport d’exploitation qui existe concrètement. C’est-à-dire que le but premier de cette idéologie n’est pas d’être un joli ensemble d’idées cohérentes, élégamment ajustées pour le plaisir de la théorie. C’est de justifier et d’entretenir une domination, et peu importe son absurdité ou ses (très nombreuses) contradictions.
L’appel à la nature, notamment, est une façon d’éviter de se confronter au fait que le sexisme est un rapport social (c’est-à-dire qu’il existe dans une société à un certain moment de l’histoire, par opposition à des lois naturelles immuables). C’est une manière de ne pas toucher aux inégalités existantes, et de ne pas nommer les responsables : si la source des inégalités se trouve dans la nature, alors il est vain d’essayer de changer la société.
Mais la nature, évidemment, a bon dos, et on peut lui faire dire n’importe quoi. On va justifier les viols en invoquant la « bestialité sexuelle » des hommes, ce qui excuserait les comportements d’agresseur sexuel pour les hommes et ferait porter aux femmes la responsabilité de ne pas les « provoquer » en s’habillant de telle ou telle façon, en ne sortant pas seule la nuit, etc. Dans ce genre de cas, on va excuser des violences masculines au nom d’une nature qui exonère les hommes de toute responsabilité.
Et puis pour justifier le fait que les femmes soient surreprésentées dans les emplois précaires à temps partiel, on va encore invoquer la nature (« les femmes ont un instinct naturel qui justifie qu’elles restent à la maison s’occuper des gamins pendant que les hommes font carrière », « elles sont moins matheuses, moins brillantes, moins compétitives, etc »). Dans ce cas-là, comme par hasard, on ne considère pas que la « nature moins compétitive » des femmes exige que les hommes désertent les postes haut placés pour leur faire de la place, de la façon dont on considère que les femmes devraient déserter la rue à cause de la bestialité sexuelle masculine !
Bref, l’appel à la nature peut se faire de plein de façons différentes, souvent on oppose le masculin civilisé/rationnel au féminin instinctif/émotionnel, ce qui n’empêche pas d’excuser les violences masculines à grand coup de nature violente des hommes par ailleurs.